Le concept de CGU (= Contenu Généré par les Utilisateurs) ou UGC (User Generated Content)  a, sur le papier, tout pour plaire, tant il semble simple, efficace et complètement tendance. Il s’agit de transformer tout apprenant de la position de spectateur de la formation en position d’acteur, en l’amenant à partager un savoir ou un savoir-faire avec ses pairs, où qu’ils soient.

Enthousiasmant non ? Et pourtant, ça ne mord pas ! Essayons de comprendre pourquoi.

 

 

1. CGU ou UGC, de quoi parle-t-on ?

Imaginez une personne à son poste de travail, qui, en exécutant un geste métier (une procédure de consignation d’un appareil, l’entretien quotidien d’un équipement, la programmation d’un appareillage…), se filme avec son portable et partage ensuite sa vidéo en interne. Le CGU, c’est aussi simple que ça. L’idée de base est d’apprendre et de progresser grâce aux connaissances transmises par les autres.

Rien de révolutionnaire là-dedans, la transmission à partir de l’expérience du terrain, c’est même l’essence de l’apprentissage. Et sur la méthode, il s’agit ni plus ni moins que de partager une photo ou une vidéo comme on le fait tous les jours sur les réseaux sociaux, mais dans le cadre professionnel cette fois-ci.

 

La grande différence est que les nouvelles technologies de la formation permettent de répandre cette pratique de façon structurée, organisée et accessible facilement à toutes et tous. Les nouvelles plateformes permettent de stocker immédiatement et de redistribuer tous ces savoirs et savoir-faire, tout en effectuant un suivi de leur utilisation pour que ce fond de connaissances ne stagne pas sur des étagères.

Et pourtant, à ce jour, on ne voit que quelques témoignages provenant de grands groupes internationaux (Safran, Faurestia…) sur ce thème ; chiffres édifiants et ROI à l’appui, ces témoignages prouvent la puissance de l’engagement des participants, les taux de connexion à la plateforme qui grimpent (y compris le week-end, c’est pas bien mais c’est une réalité !), les échanges inter-sites qui explosent et l’impact rapide sur les montées en compétences.

2. Les « plus » très prometteurs du CGU

Le CGU, a priori, concentre beaucoup d’arguments pour que ce soit une réussite :

  • En provoquant l’engagement des utilisateurs par cette démarche dynamique, on s’assure de la préservation des pratiques, de connaissances spécifiques, de savoir-faire, et de leur renouvellement régulier.
  • Voilà une réponse immédiate et pas chère au risque de pertes de connaissances dû aux départs massifs en retraite et aux difficultés de recrutement.
  • C’est une vraie démarche d’apprentissage ascendante, Bottom Up, alors que les formateurs pratiquent habituellement l’information descendante, avec l’impact que l’on sait.
  • On est au cœur du 20% de la règle 70-20-10 qui veut qu’un programme de formation réussi doit contenir 10% de connaissances formelles (délivrées par les formateurs), 20% d’apprentissage par échanges ou tutorat avec pairs et experts, et 70% d’expérimentation personnelle « on-the-job », dans le travail quotidien.
  • On parle de vidéos en format court, c’est-à-dire le média le plus prisé pour l’acquisition de connaissances.
  • En termes de moyens informatiques, on ne parle pas d’investissements très lourds. Beaucoup de solutions existent, les LMS bien sûr, mais pas seulement. Une plateforme de stockage et de diffusion peut être une solution de départ.
  • Les boîtes à outils informatiques offrent déjà beaucoup de fonctionnalités en termes de « Social Learning » et de travail collaboratif, et tout ça va encore s’améliorer pour plus de simplicité d’utilisation avec l’aide de l’IA.
  • « Utilisateurs » est à prendre au sens large. On parle des collaborateurs en interne, et avant tout des opérateurs, mais on peut aller plus largement jusqu’aux clients. L’UGC est d’ailleurs et avant tout une démarche Marketing.

 

Alors, pourquoi ça coince ?

D’expérience, et en farfouillant sur le net, j’arrive à quelques raisons essentielles :

  • La première des raisons, « on ne connait pas » et « on n’y pense pas »
  • Deuxième raison « on n’ose pas ». Les formateurs ont la crainte d’être dépossédés de leur mission, alors qu’en fait il y a complémentarité.
  • Les utilisateurs générateurs de contenus craignent le caractère intrusif de la démarche. Ils et elles ont peur d’être contrôlés, tracés, surveillés en livrant leurs connaissances.
  • Les dirigeants ont du mal à saisir le potentiel d’engagement des participants, et donc tout l’intérêt de la démarche, pour les générateurs de contenus, leurs pairs, ceux qui partent en retraite et ceux qui arrivent, et finalement pour tous les sites de la société.

  • Enfin, un tel projet demande un accompagnement pour les équipes Formation au niveau de la pratique de ces outils informatiques, pour faire vivre ces connaissances accumulées à travers le travail collaboratif en ligne.

Conclusion, que faire pour que la démarche se généralise et réussisse ?

1, il faut faire connaître la pratique, d’où cet article !

  1. Il faut un véritable projet d’entreprise, très fortement sponsorisé par le Top Management, relayé et porté par le Middle Management, appuyé par une communication interne très régulière et bienveillante, inclusive. Pourquoi pas un concours intersites en interne pour désigner le « meilleur tuto de transmission du mois » ?

Si vous voulez partager votre propre expérience, merci d’avance de poster un commentaire ci-dessous ou de faire un retour par mail aux adresses suivantes : jeanmichel.casabonne@gmail.com ou jmcasabonne@flexilearn.fr